Rencontre avec

Rencontre avec Lise Coirier, Directrice, Spazio Nobile

Nous avons posé quelques questions à Lise Coirier, directrice de la galerie Spazio Nobile à Bruxelles et exposante de la nouvelle section "Focus Bruxelles" en 2020 : parcours, programmation de la galerie, participation à la foire, scène artistique bruxelloise et oeuvre phare exposée cette année sont à l'honneur dans cette interview.

La galerie et sa programmation

Depuis 2008, j’édite et publie TLmag_True Living of Art & Design, un magazine international biannuel, imprimé et en ligne, qui partage ma sélection et mon engagement artistique et culturel envers les collectionneurs et les amateurs d’art et de design. Véritable outil et plateforme de découverte et de diffusion, mon mari et partenaire Gian Giuseppe Simeone et moi-même avons eu le souhait de nous impliquer encore plus dans la création et avons ouvert en 2016 la galerie Spazio Nobile dédiée aux arts appliqués contemporains, au design de collection et à la photographie. Sans mettre de frontière entre les disciplines, les arts visuels côtoient les beaux-arts. Nous donnons l’impulsion à la création de pièces uniques, d’éditions limitées et d’installations à la fois expérimentales et artistiques, avec une sensibilité particulière à tout ce qui touche à la nature et à la minéralité.

Votre participation à la foire

C’est un fidèle collectionneur de la galerie, basé au Luxembourg qui nous a parlé de manière élogieuse de la Luxembourg Art Week et qui nous a conseillé d’y participer. Ainsi, dès que la foire nous a contacté nous n’avons pas hésité une seule seconde à y participer. En outre, vu le contexte actuel et l'annulation des grandes foires internationales comme la FIAC ou le PAD Paris et Londres, nous avons été séduits par la proximité géographique et la dimension d’un salon d'art d'envergure nationale, au rayonnement transfrontalier. Nous sommes ravis d'aller à la rencontre de nos collectionneurs luxembourgeois et impatients d'en rencontrer de nouveaux. C'est notre première participation à une foire au Luxembourg et nous sommes enthousiastes à l'idée de retrouver un certain foisonnement créatif propre aux galeries et au marché de l'art.

Les artistes présentés à la foire

Notre thématique choisie est celle de l’esthétique asiatique au travers d’une sélection d’artistes qui partagent les mêmes valeurs dans une quête d’échanges culturels entre l’Orient et l’Occident. Nous collaborons principalement avec des « makers » , des créateurs qui s’impliquent à la fois dans la conception et la réalisation de pièces d’art de qualité exceptionnelle. Nous allons présenter, pour n’en citer que quelques-uns, des artistes qui participent pleinement à l’identité de la galerie Spazio Nobile tels que Kaspar Hamacher, designer belge et ses créations monoxyles, à la fois sculpturales et fonctionnelles, Jörg Bräuer et Silvano Magnone, photographes qui explorent la texture du temps, Vincent Fournier et sa série Kintsugi composée de portraits de femmes en kimono, les pastels secs de l’artiste britannique Amy Hilton, le mobilier en papier calque développé par la créatrice taiwanaise basée aux Pays-Bas Pao Hui Kao, les dessins et sculptures émaillées de la Portuguaise Bela Silva, mais aussi toutes les recherches et le travail sur la porcelaine de Piet Stockmans qui, à 80 ans, œuvre toujours activement dans son atelier à C-Mine à Genk…

La scène artistique Bruxelloise

Bruxelles est une capitale multiculturelle, riche et dynamique, véritable carrefour et porte d’entrée de l’Europe. Elle regorge d’un haut potentiel de collectionneurs. La Belgique et le Luxembourg sont des pays dont l’attractivité dans le secteur de l’art est reconnue à l’échelle internationale. Il est primordial d’y tisser des liens durables, en particulier au sein de la communauté des collectionneurs qui circulent encore d’un pays voisin à l’autre, malgré la situation de la pandémie actuelle.

L’oeuvre phare sur votre stand

En exclusivité pour Spazio Nobile, l’artiste français a produit une série de photographies inspirées de l’art séculaire du « kintsugi » et de son amour pour l’esthétique japonaise. Capable de sublimer les défauts, le « kintsugi » est une technique japonaise de réparation des porcelaines ou céramiques brisées au moyen de laque mélangée à de la poudre d'or, d’argent ou de platine. En prenant le parti de magnifier les fissures et les accrocs plutôt que de les dissimuler, cette technique évite de jeter les pièces endommagées, leur donne une seconde vie et les transfigure même en de luxueuses pièces aux veines illuminées. L’artiste français Vincent Fournier s’est inspiré de cette technique du XVe siècle pour sa nouvelle série de dix photographies prises dans l’hôtel Heidelbach (pavillon du thé) du Musée national des arts asiatiques – Guimet (MNAAG). Recollés, marbrés de papier doré puis re-photographiés, ces clichés de femmes en kimono témoignent selon lui d’un « heureux accident, le réassemblage d’un bel objet brisé, qui évoque à [ses] yeux les rouages de la mémoire. Afin de faire ressurgir un souvenir incomplet et fragmentaire, il faut nécessairement le modifier, en réagencer les pièces dans notre esprit. »

file Vincent Fournier, Kintsugi, 2019, Impression jet d'encre sur papier Bizan, 50x35cm, courtesy Vincent Fournier & Spazio Nobile Gallery