Me, Myself & Us
Commissaire : Claire Di Felice
À travers l’histoire de l’art, les auto-portraits ont été omniprésents dans chaque grand mouvement, depuis la Renaissance italienne jusqu’aux périodes post-modernes et contemporaines. Initialement associés aux questions d’identité, les autoportraits ont désormais acquis une nouvelle signification et un nouveau rôle en tant qu’outil d’activisme.
Selon le philosophe français Jacques Rancière, la politique et l’esthétique sont profondément liées. Toute forme d’art est politique, car elle renforce ou remet en question les structures sociétales. L’art militant intègre les problématiques sociales et politiques dans le processus créatif, remettant en cause la notion de la neutralité de l’art. De nombreux photographes utilisent les autoportraits pour aborder les normes sociétales. Bien que ces images soient souvent critiquées pour leur beauté, elles révèlent la perspective du photographe sur le monde.
L’exposition, intitulée Me, Myself and Us, présente un groupe d’artistes qui utilisent le medium de l’autoportrait comme un moyen de commentaire social, politique et/ou environnemental, parmi lesquels Cihan Çakmak, Omar Victor Diop, Krystyna Dul, Lyle Ashton Harris, Zanele Muholi, Cristina Nuñez et Emma Sarpaniemi.
Dans leurs autoportraits, Zanele Muholi et Lyle Ashton Harris interrogent les stéréotypes liés au travail, au racisme et à la politique sexuelle. Dans le même esprit, la série d’Omar Victor Diop capture des moments clés de l’histoire des mouvements de protestations noirs. Sa série Allegoria explore les problématiques environnementales affectant le continent africain, servant d’allégorie pour la préoccupation de l’humanité envers la nature.
La série The Burden I am Wearing de Krystyna Dul sensibilise au problème mondial de l’industrie de la mode non-durable et à son impact sur l’environnement ainsi qu’aux conditions de travail non-éthiques des ouvriers du textile.
Comportant principalement des artistes féminines, cette exposition affiche un fort accent féministe avec les oeuvres de Cihan Çakmak and Emma Sarpaniemi.
À travers ses autoportraits, Cihan Çakmak résiste à la culture kurde dominée par les hommes dans laquelle elle a grandi, choisissant de vivre libre de toute oppression. Emma Sarpaniemi remet en question le corps féminin idéalisé avec humour et autodérision. Comme Cindy Sherman, elle utilise des autoportraits pour détourner l’attention de l’objectification, mettant en avant la performance et le jeu.
Ce qui unit ces artistes, c’est leur activisme et leur approche des questions sociales. Cela se manifeste particulièrement dans le travail de Cristina Nuñez, qu’elle considère comme une forme d’auto-thérapie, transformant la douleur et les émotions fortes en art. Elle étend cette expérience aux autres à travers The Self Portrait Experience. Dans sa série Somebody to Love, Nuñez mêle autoportraits et images de ses ancêtres et de sa famille, explorant les relations et sa quête personnelle de racines et d’identité à travers les visages et les corps.
Les langages visuels distinctifs et les approches de l’activisme propres à chaque artiste mettent en lumière différentes causes reflétant les enjeux sociaux et politiques actuels. Dans le même esprit que la précédente exposition, un dialogue est créé entre les œuvres des artistes de la collection d’Arendt et celles des nouveaux artistes.
Lieu : Arendt House
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