Exposition collective, Mimèsis. Un design vivant réunit 400 oeuvres de 90 créateurs autour de l'évolution de la nature dans le design – du biomorphisme moderne au biomimétisme, de la biofabrication à la recréation du vivant à travers le design numérique, dans une exploration autant historique que prospective. La nature et le vivant s’invitent en Galerie 2 dans l’exposition conçue par Marie-Ange Brayer, conservatrice, en charge du design et de la prospective industrielle au Musée national d’art moderne-CCI, Centre Pompidou et Olivier Zeitoun, attaché de conservation au département design et prospective industrielle du Musée national d’art moderne-CCI, Centre Pompidou.
Des objets iconiques du modernisme, dans leur réinterprétation de la nature, au design le plus récent, explorant une nouvelle « naturalité » numérique (Ross Lovegrove, Joris Laarman, Michael Hansmeyer...), c'est une mutation profonde du concept même de nature qui est interrogée dans ses liens avec la production technique et technologique, à travers les recherches les plus innovantes dans le domaine du design aujourd’hui.
Dès la fin du xixe siècle, le biomorphisme – l’influence de la nature sur la représentation des formes artistiques – accompagne la modernité naissante. Les avant-gardes historiques du début du xxe siècle mettent en avant la notion d’organisme ainsi que la dimension d’auto-génération dans la création des formes. Cette exposition réunit les grands designers de la modernité pour montrer la manière avec laquelle ce nouveau langage moderne puise dans la nature et les sciences ses formes organiques, en France, aux États-Unis,dans les pays scandinaves ou encore au Japon, d’Alvar Aalto à Sori Yanagi. En France, dans les années 1930, Charlotte Perriand capte dans ses photographies la force de la matière dont elle s’inspire dans ses objets de design. Aux États-Unis, Charles et Ray Eames réinventent dans l’après- guerre le design à travers leurs formes organiques. Au même moment, en France, Serge Mouille, dont le fonds exceptionnel au sein des collections du Centre Pompidou est présenté pour la première fois, développe une approche biomimétique dans la conception de ses luminaires. Dans les années 1960, le pop puise son hédonisme dans la nature : de Verner Panton à Pierre Paulin, les designers recréent à travers leurs créations une nature artificielle, et investissent l’environnement comme des paysages, dans un changement de posture. Au milieu des années 1980, Andrea Branzi inaugure une nouvelle forme de « néo-primitivisme » en intégrant directement des éléments naturels, ainsi des branches d’arbre, dans ses réalisations (Animali domestici, 1985). C’est désormais la nature, et non plus sa représentation, qui fait partie intégrante de l’objet de design. Entre nature et artifice se tiennent les Rêveries urbaines (2016) de Ronan et Erwan Bouroullec, qui recréent un « merveilleux » atmosphérique et réenchantent l’espaceurbain.
Aujourd’hui, à l’ère numérique, la nature a fait place à notion de « vivant » qui se donne sous une nouvelle forme d’artificialité, entre l’inerte et l’animé, l’organique et le machinique. Le design recourt à la « biofabrication » : les bio-matériaux, fabriqués à partir d’organismes biologiques, engendrent à présent de nouveaux objets durables et biodégradables.
Commissaires : Marie-Ange Brayer et Olivier Zeitoun