Les liens entre Luxembourg Art Week et la Ville de Luxembourg ne cessent de s’affermir ces dernières années. Plus encore depuis la mise à disposition en 2021 d’un espace éphémère sur le Glacis, qui a nettement contribué à l’expansion et au rayonnement international de la Foire. L’ancrage urbain de Luxembourg Art Week n’est rien s’il ne profite pas en retour aux initiatives locales et aux nombreuses galeries qui tissent, quotidiennement, une relation attentive avec un public désireux d’élargir son horizon esthétique.
Des sculptures monumentales du parcours The Rebellion by Atelier Van Lieshout aux galeries et institutions qui s’adressent tout au long de l’année à un vaste public, l’Art Walk est une invitation à explorer les moindres recoins de la capitale. Bordé de part et d’autre par deux cours d’eau, la Pétrusse et l’Alzette, le cœur de ville réunit historiquement la plupart des infrastructures culturelles. On y trouve la galerie d’Hans Fellner (Fellner Contemporary n°5), entièrement dédiée aux artistes luxembourgeois, mais aussi celles d’André Simoncini (galerie Simoncini, n°8) et de Luc Schroeder, le directeur de MOB-ART Studio (n°11) qui accueille en ce moment les dessins de Samuël Levy. Mentionnons aussi la galerie Schortgen (n°7), mplantée au Grand-duché depuis 1949 qui expose actuellement les portraits féminins de Lilas Blano. D’autres se destinent davantage au marché international, comme c’est le cas de la Zidoun-Bossuyt Gallery (n°16) qui défend la production d’artistes africains et afro-américains. Installée dans le Grund, l’un des quartiers les plus charmants que compte la ville de Luxembourg, Zidoun-Bossuyt Gallery dévoile pour la première fois au Grand-Duché les toiles de Khalif Tahir Thompson. Située juste à côté du Nationalmusée um Fëschmaart (anciennement Musée national d’Histoire et d’Art (n°27), la galerie Nosbaum Reding (n°12) fait partie des incontournables de l’Art Walk. Alex Reding, dénicheur de jeunes talents aura contribué à faire connaître Tina Gillen et Aline Bouvy, tout en nouant une relation suivie avec des plasticiens confirmés comme Barthelemy Togo, Stephan Balkenhol ou Sylvie Blocher.
Sans oublier le Cercle Artistique du Luxembourg (CAL) (n°3) et son salon annuel qui présente des artistes de la scène locale. La récente création du Casino Display (n°20), qui met à disposition de jeunes artistes un programme de résidence et se propose de rapprocher les étudiants des différentes écoles d’art de la Grande Région. D’autres lieux non moins importants se sont préféré s’écarter du centre historique. Les amateurs de culture coréenne se dirigeront vers ArtsKoco Contemporary Art Gallery (n°2), tandis que le Camoes-Centre culturel Portugais (n°18) nous expose 4 fois par ans des artistes ou des œuvres lusophones. Côté galerie, François Ceysson et Loïc Bénétière disposent d’un espace monumental de 1200 mètres carrés qui abrite jusqu’au 18 novembre les sculptures de Bernar Venet (Ceysson & Bénétière, n°4). Autres highlights à découvrir lors de l’Art Walk : une visite de la collection dédiée à la photographie constituée par le cabinet d’avocats Arendt & Medernach (Arendt & Art, n°17) ainsi que les deux expositions qu’accueille ce mois-ci le MUDAM (n°23) : l’une destinée à mettre en lumière sa collection permanente (Deep Deep Down) ; la seconde, de nature plus expérimentale, met à l’honneur les arts de la performance (After Laughter Comes Tears).
Lieux d’échanges et de sociabilité par excellence, les galeries luxembourgeoises font preuve d’un réel engagement en faveur de la création contemporaine. Deux d'entre elles se démarquent par un fort engagement envers la scène locale. Fin 2021, Julie Reuter et Lou Bausch ouvrent ensemble une galerie qui porte leur nom, rue Notre-Dame à Luxembourg-ville. Lou est à l’administration, tandis que Julie s’occupe de faire le lien avec les artistes, complices en art comme dans la vie, ils font le choix de défendre des artistes émergents, luxembourgeois ou non, pourvu qu’ils aient du talent. Grâce à ce travail de défrichage, le public a pu découvrir des œuvres aussi différentes que celles de Pit Riewer, Lisa Kohl, Julie Wagener ou encore Arny Schmit, artiste autodidacte auquel le couple vient de consacrer une nouvelle exposition monographique (Au-delà de la nature). Plusieurs œuvres exposées à la galerie ont rejoint les collections permanentes de musées ou de l’État luxembourgeois. Outre le soutien infaillible à la scène locale et aux artistes en début de carrière, Reuter Bausch Art Gallery accorde une place importante aux femmes dans sa programmation – une autre façon de se positionner sur le marché de l’art tout en favorisant l’inclusion. La galerie se distingue aussi par sa convivialité, son accompagnement passionné des publics. Le succès rencontré par la galerie depuis ses débuts conforte le couple dans cette voie. « Luxembourg Art Walk défend l'inclusion des citoyens en rendant l'art plus accessible, en contribuant à l'engagement communautaire et en promouvant la culture, tout en créant un dialogue artistique plus ouvert. C'est une initiative qui enrichit la vie culturelle de la ville et renforce les liens entre les galeries et la communauté locale. », se félicite ainsi Julie Reuter.
Autre espace venu renforcer l’écosystème culturel luxembourgeois, la Valerius Gallery mène un travail en profondeur avec les artistes de la scène locale. Située place du Théâtre, celle-ci résulte de l’alliance entre le galeriste et collectionneur Gérard Valerius et sa très active directrice, Lou Philipps, qui se réjouit de prendre part la prochaine édition de la Foire : « Grâce à LAW, on entre en contact avec d’autres galeristes et un public différent de celui que l’on rencontre habituellement. Le Luxembourg est placé sur la carte des foires internationales et attire de nouveaux acteurs du monde entier sur le territoire — comme la presse, les curateurs et des collectionneurs ». Gérard Valerius et Lou Philipps ont eu l’heureuse idée de former l’association Young Luxembourgish Artists (YLA), une plateforme permettant d’offrir une meilleure visibilité aux artistes du Grand-Duché grâce à ses expositions collectives disséminées en ville. Cette association, qui a vu le jour en 2021, s’inspire d’un modèle londonien, les Young British Artists, qui a fait connaître des plasticiens tels que Damien Hirst, Tracey Emin ou Tacita Dean... En partenariat avec la Valerius Gallery, YLA assure pleinement un rôle de conseiller, de formateur et de soutien auprès de jeunes talents en devenir, le plus souvent tout droit sortis des écoles d’art. Libres à eux d’investir ensuite les supports, les sujets et les lieux de leurs choix afin de doter le paysage luxembourgeois de nouvelles perspectives esthétiques. Un accent particulier est mis ici sur des étudiants ayant été formés à l’étranger (faute d’école d’art au Luxembourg), en les accompagnant dans leur retour au pays. À long terme, cette initiative permet aussi à la communauté artistique de s’agrandir.