Artistes : Tony Cokes, Zehra Doğan, Rahima Gambo et Tastuniya Artist Collective, Inner Light, Rory Pilgrim, Gaia Vincensini, Anna Witt et le Jugendforum Gröpelingen
Commissaire : Fanny Gonnella
Comment (com)prendre sa place dans la société lorsque ce qui nous permet d’être ensemble a changé ? La transformation en profondeur des liens sociaux a commencé bien avant l’arrivée du Covid, notamment par la remise en question des mythes fondateurs des cultures établies, de ces pays qui ont le luxe de pouvoir faire rayonner leur histoire. Dans une ère de post-vérité, nous assistons à une atomisation des récits collectifs. Les grandes structures que sont l’enseignement et les grands médias, souvent canaux de diffusion de ces récits communs, ont perdu de leur aura et de leur autorité, pour être contrebalancées par des mouvements émancipatoires qui ont permis une libération de la parole. Cette transformation a ouvert l’espace à l’expression de ressentis et d’émotions dans l’espace public – un espace qui peut tout autant fonctionner comme lieu de rassemblement qu’exclure ceux.elles qui ne se sentent pas légitimes de s’y exprimer. Sans chercher refuge dans l’individualisme, ou dans des groupes qui ne supportent que la similitude, quels moyens avons-nous pour trouver notre place face à ces transformations de l’espace commun ?
L’exposition rassemble des histoires qui autorisent les différences tout en révélant un espace commun. Comment se raconter juxtapose des oeuvres, nées d’expériences ou de phases de travail se déroulant pour la plupart dans la durée, qui se font le reflet de situations collectives. Les artistes ont chacun.e travaillé avec ou au sein d’un groupe, pour porter des histoires qui ne sont pas forcément les leurs, mais dont il.elles se font témoin. L’artiste britannique Rory Pilgrim (p7) a passé deux ans au sein de la structure Green Shoes Arts, en tant que bénévole puis en y animant des ateliers, pour finir par développer une fresque musicale et filmée qui raconte certains de ses résidents. Sa pièce Rafts, qui est le point de départ de cette exposition, s’est développée autour d’une question simple : dans les moments de changement et de transition, qu’est-ce qui nous soutient et nous permet de continuer ?
Comment se raconter juxtapose des récits issus des coulisses de la grande histoire, des marges de la société. Zehra Doğan (p5) – artiste, journaliste et activiste – révèle dans une série de dessins, produits en détention, son expérience de la prison en tant que femme kurde en Turquie. Elargissant son militantisme à la production d’images et de récits, elle réalise une série qui relie humanisme et oppression. Rahima Gambo (p6) travaille depuis plusieurs années avec des lycéennes nigérianes et sa collaboration se poursuit avec celles qui désormais s’appellent Tastuniya Art Collective. Elle aussi a dépassé les contours de sa pratique initiale, le journalisme, pour l’ouvrir à d’autres modes de narration, plus complexes et complets, pour rendre compte de situations où les mots parfois manquent, comme à la suite des exactions commises par Boko Haram au Nigéria. Chez Tony Cokes (p4), ce sont les images qui manquent pour raconter les mouvements des droits civiques aux États-Unis alors que la radio était encore le média fabriquant l’imaginaire collectif. Anna Witt (p9) a, quant à elle, accompagné pendant plusieurs mois les adolescents du « jugendforum » dans le quartier populaire de Gröpelingen à Brême en Allemagne. Elle témoigne, par une documentation filmique, de leurs questions à propos des images qui racontent leurs racines et de leur possibilité d’engagement pour faire évoluer la société. Par ses objets et ses images, Gaia Vincensini (p8) révèle comment sa génération façonne sa compréhension des rapports humains en ayant comme musique de fond un capitalisme troublant, qui se veut à la fois pragmatique, tourné vers le profit, rassurant et nourricier. Et parce qu’agir ensemble permet de déjouer certains mythes du capitalisme, elle travaille aussi avec le collectif Inner Light.
Les artistes rassemblés ici renouent avec un geste ancestral : la mise en récit d’une expérience, pour la transcender et s’en émanciper collectivement. Mettant en perspective des relations ou des événements, infimes ou spectaculaires, les récits contribuent depuis toujours à la compréhension du monde qui nous entoure. Mais tout autant qu’une histoire peut rassembler ceux qui s’y reconnaissent, elle a aussi le pouvoir d’exclure ceux qui ne s’y reconnaissent pas. L’exposition fait apparaître la fragilité et la richesse des liens humains, mais aussi comment les récits permettent de se raconter et de négocier avec le réel.
Comment se raconter
Comment se raconter
Artistes : Tony Cokes, Zehra Doğan, Rahima Gambo et Tastuniya Artist Collective, Inner Light, Rory Pilgrim, Gaia Vincensini, Anna Witt et le Jugendforum Gröpelingen
Commissaire : Fanny Gonnella
Comment (com)prendre sa place dans la société lorsque ce qui nous permet d’être ensemble a changé ? La transformation en profondeur des liens sociaux a commencé bien avant l’arrivée du Covid, notamment par la remise en question des mythes fondateurs des cultures établies, de ces pays qui ont le luxe de pouvoir faire rayonner leur histoire. Dans une ère de post-vérité, nous assistons à une atomisation des récits collectifs. Les grandes structures que sont l’enseignement et les grands médias, souvent canaux de diffusion de ces récits communs, ont perdu de leur aura et de leur autorité, pour être contrebalancées par des mouvements émancipatoires qui ont permis une libération de la parole. Cette transformation a ouvert l’espace à l’expression de ressentis et d’émotions dans l’espace public – un espace qui peut tout autant fonctionner comme lieu de rassemblement qu’exclure ceux.elles qui ne se sentent pas légitimes de s’y exprimer. Sans chercher refuge dans l’individualisme, ou dans des groupes qui ne supportent que la similitude, quels moyens avons-nous pour trouver notre place face à ces transformations de l’espace commun ?
L’exposition rassemble des histoires qui autorisent les différences tout en révélant un espace commun. Comment se raconter juxtapose des oeuvres, nées d’expériences ou de phases de travail se déroulant pour la plupart dans la durée, qui se font le reflet de situations collectives. Les artistes ont chacun.e travaillé avec ou au sein d’un groupe, pour porter des histoires qui ne sont pas forcément les leurs, mais dont il.elles se font témoin. L’artiste britannique Rory Pilgrim (p7) a passé deux ans au sein de la structure Green Shoes Arts, en tant que bénévole puis en y animant des ateliers, pour finir par développer une fresque musicale et filmée qui raconte certains de ses résidents. Sa pièce Rafts, qui est le point de départ de cette exposition, s’est développée autour d’une question simple : dans les moments de changement et de transition, qu’est-ce qui nous soutient et nous permet de continuer ?
Comment se raconter juxtapose des récits issus des coulisses de la grande histoire, des marges de la société. Zehra Doğan (p5) – artiste, journaliste et activiste – révèle dans une série de dessins, produits en détention, son expérience de la prison en tant que femme kurde en Turquie. Elargissant son militantisme à la production d’images et de récits, elle réalise une série qui relie humanisme et oppression. Rahima Gambo (p6) travaille depuis plusieurs années avec des lycéennes nigérianes et sa collaboration se poursuit avec celles qui désormais s’appellent Tastuniya Art Collective. Elle aussi a dépassé les contours de sa pratique initiale, le journalisme, pour l’ouvrir à d’autres modes de narration, plus complexes et complets, pour rendre compte de situations où les mots parfois manquent, comme à la suite des exactions commises par Boko Haram au Nigéria. Chez Tony Cokes (p4), ce sont les images qui manquent pour raconter les mouvements des droits civiques aux États-Unis alors que la radio était encore le média fabriquant l’imaginaire collectif. Anna Witt (p9) a, quant à elle, accompagné pendant plusieurs mois les adolescents du « jugendforum » dans le quartier populaire de Gröpelingen à Brême en Allemagne. Elle témoigne, par une documentation filmique, de leurs questions à propos des images qui racontent leurs racines et de leur possibilité d’engagement pour faire évoluer la société. Par ses objets et ses images, Gaia Vincensini (p8) révèle comment sa génération façonne sa compréhension des rapports humains en ayant comme musique de fond un capitalisme troublant, qui se veut à la fois pragmatique, tourné vers le profit, rassurant et nourricier. Et parce qu’agir ensemble permet de déjouer certains mythes du capitalisme, elle travaille aussi avec le collectif Inner Light.
Les artistes rassemblés ici renouent avec un geste ancestral : la mise en récit d’une expérience, pour la transcender et s’en émanciper collectivement. Mettant en perspective des relations ou des événements, infimes ou spectaculaires, les récits contribuent depuis toujours à la compréhension du monde qui nous entoure. Mais tout autant qu’une histoire peut rassembler ceux qui s’y reconnaissent, elle a aussi le pouvoir d’exclure ceux qui ne s’y reconnaissent pas. L’exposition fait apparaître la fragilité et la richesse des liens humains, mais aussi comment les récits permettent de se raconter et de négocier avec le réel.
Lieu : 49 Nord 6 Est Frac Lorraine
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