À une époque où la technologie accélère tous les aspects de la vie, la perspective post-futuriste met en lumière l'attrait étrange, presque mystique, de notre ère numérique. Les Futuristes du début du XXe siècle, dirigés par F. T. Marinetti, célébraient la « beauté de la vitesse » et considéraient la technologie comme un outil pour optimiser et revitaliser la vie. Aujourd'hui, bon nombre de leurs visions autrefois fantastiques se sont concrétisées : la communication sans fil tisse désormais un vaste paysage numérique, et l'information est instantanément accessible via les réseaux sociaux. Pourtant, cette réalité est loin du rêve utopique des Futuristes. L’excitation du progrès a évolué en une toile complexe, où la beauté de la vitesse se heurte aux embouteillages sans fin, et les villes frôlent l'effondrement dystopique.
Dans ce monde post-futuriste, la technologie exerce un pouvoir qui va au-delà de la simple fonctionnalité. Les surfaces lisses et polies de nos appareils numériques nous invitent dans des royaumes qui transcendent l'ordinaire, suggérant une expérience presque magique. Comme le disait Arthur C. Clarke : « Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie. » Les algorithmes d'aujourd'hui, qui semblent omnipotents dans leur capacité à fournir des contenus personnalisés d'une précision presque inquiétante, confèrent à la technologie une qualité surnaturelle qui nous captive et nous manipule. Cependant, cet enchantement a un prix : il dissimule la véritable complexité et les dangers cachés de nos vies numériquement interconnectées.
La mystique de la technologie est un sujet que les artistes contemporains explorent en profondeur. Des artistes comme Léa de Cacqueray, participante au projet Capsule dans le cadre de Luxembourg Art Week, révèlent la technologie non seulement comme un outil pratique, mais aussi comme une source d'émerveillement et de transformation spirituelle. À travers son travail, Léa de Cacqueray met en lumière le pouvoir émotionnel et même mythologique de la technologie, nous encourageant à la percevoir non pas seulement comme un produit du progrès rationnel, mais aussi comme quelque chose qui éveille des sentiments anciens d'émerveillement et de vénération.
L'attrait de la technologie réside dans cette tension entre rationalité et mysticisme. Ses surfaces polies suscitent la curiosité, mais sous elles se cache un monde complexe de significations dissimulées. Les artistes interrogent cette dualité, suggérant que la technologie, loin d'être un simple instrument, touche notre sens primordial de l'émerveillement. En brouillant les frontières entre science-fiction et spiritualité, ils nous invitent à rrepenser notre relation à la technologie, non plus comme un simple outil pratique, mais comme un canal d'exploration spirituelle. Dans une époque dominée par les connexions virtuelles, l'art contemporain nous rappelle la profondeur émotionnelle que la technologie cache souvent. Il nous pousse à réfléchir sur la manière dont l'enchantement numérique façonne notre humanité, nous incitant à repenser l'attrait même de la technologie. Plutôt qu'une simple commodité, la technologie devient un médium qui résonne avec nos désirs les plus profonds, illuminant l'interaction profonde et souvent mystique entre technologie, spiritualité et le soi.
Essai court de Livia Klein
Livia Klein (née en 1996) est une curatrice indépendante basée à Vienne. Sa pratique curatoriale et discursive se concentre sur l’esthétique spéculative pour des réalités futures possibles. À travers ses expositions, Klein s’engage systématiquement avec les dynamiques sociopolitiques contemporaines, tout en ouvrant de nouvelles voies pour l’expression artistique. Klein possède une expérience variée couvrant le secteur des galeries commerciales (Galerie Eva Presenhuber), les cadres institutionnels (WIELS, Bruxelles), ainsi que l’expertise éditoriale dans les publications artistiques (Collectors Agenda), ce qui reflète son engagement multifacette envers l'art contemporain et ses discours. Klein est titulaire d’une licence en Histoire de l'art et en Sciences de l'éducation de l'Université de Vienne et poursuit actuellement un Master en Art and Culture Studies à l’University of Applied Arts.
Projets sélectionnés : Soft Liquids, Hard Shells (2024) à Kunstraum Konrad (AT), Looping Tongues (2024) à Galerie Kandl (AT), HATHOS (2024) au Vienna Collectors Club, memory selec+ par Gerwald Rockenschaub à Casino Bregenz (AT) (2024), SPECULATIVE SPECULUM (2023) à Galerie Raum mit Licht, BK FOTO #2 (2023) à LLLLL (AT), et Torn Bodies (2022) à Parallel Vienna (AT). En accompagnement des expositions, plusieurs publications ont été produites par Livia Klein en collaboration avec des écrivains, penseurs et artistes dans les domaines correspondants.