Face à Arcimboldo

Centre Pompidou-Metz

// EXPOSITION PERSONNELLE

Adoré dans son époque, longtemps déconsidéré par les historiens de l’art, Giuseppe Arcimboldo (1526 - 1593) est une véritable icône populaire. Lors de la première rétrospective consacrée à l’artiste au Palazzo Grassi à Venise en 1987, les commissaires Pontus Hultén et Yasha David créent l’événement en l’érigeant en précurseur de la modernité, avec près de cinq siècles d’avance.

Giuseppe Arcimboldo, L'Automne, 1573 © ADAGP, Paris, 2021

L’exposition du Centre Pompidou-Metz est pensée comme un portrait de « l’esprit d’Arcimboldo » à travers le regard d’autres artistes – pour lesquels l’influence du maître des « inventions bizarres » se révèle inconsciente ou fantasmée. Si Salvador Dalí ou André Breton sont les premiers à reconnaître l’importance de son art paradoxal et ingénieux, les réflexions traversant son oeuvre continuent de résonner bien au-delà du clan surréaliste. Sa passion pour l’illusion et les rébus littéraires, sa pensée autour de la fragmentation, ses recherches sur l’anthropomorphisme et les mécanismes anamorphiques, sa manière d’animer les natures mortes ou de fusionner l’homme et le règne végétal comme animal, font de l’art d’Arcimboldo, à la fois profondément singulier et ancré dans le courant maniériste, un miroir de l’émergence de la modernité et un point de départ pour des recherches plus contemporaines.

René Magritte, Le Modèle rouge, [1935] © ADAGP, Paris, 2021

Le maniérisme, alors même que le terme a pris un sens péjoratif et a été dénigré dans l'histoire de l’art, consacre pourtant un courant de pensée collectif qui dépasse une seule époque, un seul pays ou un seul art (de Rabelais à Shakespeare, de Rome à Prague à Milan à Vienne), pour mettre en avant la liberté de l’artiste, dans un grand raffinement intellectuel, qu’il est passionnant de mettre en perspective des productions contemporaines.

Hans BELLMER, La Poupée, [1935-1936] © ADAGP, Paris, 2021

L’exposition dévoile également les facettes moins connues de l’art d’Arcimboldo, qui oscille de la réalisation de cartons pour les vitraux de la cathédrale de Milan à la confection des décors et costumes pour les fêtes de la cour des Habsbourg, de manière à enrichir notre vision d’Arcimboldo en le présentant comme un véritable inventeur. À rebours d’une lecture de son oeuvre souvent réduite à son caractère ludique ou à l’univers des cabinets de curiosités, le parcours souligne la fascination exercée par ses compositions les plus surprenantes, comme Le Bibliothécaire.

Giuseppe ARCIMBOLDO (carton) et Corrado DE MOCHIS (maître verrier), Mascherone verde con festone di frutta [Masque vert avec feston de fruits], 1550 ? © ADAGP, Paris, 2021

Se déployant sous la forme d’un collage "arcimboldien", la déambulation invite à des rencontres inattendues entre les inventions du peintre milanais avec une sélection de quelquesunes de ses oeuvres emblématiques : Les Saisons du Louvre, le Printemps de Madrid, Le Bibliothécaire de Suède, ainsi que Le portfolio de dessins des Offices. De fragment en fragment, le visiteur fera l’expérience du cheminement intellectuel de l’artiste. Arcimboldo apparait comme un grand inspirateur, amenant une nouvelle manière de penser l’art, avec une liberté d'imagination très en avance sur son temps. Un exemple pour les artistes présents dans l’exposition, sur les traces d’un esprit étonnant, parmi lesquels Pablo Picasso, Francis Bacon, Lynda Benglis, les frères Campana, Hans-Peter Feldmann, Lavinia Fontana, Felix Gonzales-Torres, Pierre Huyghe, Zoe Leonard, Kerstin Braetsch, Mario Merz ou Francis Picabia, Sodoma, Jan Svankmajer...

Maurizio Cattelan, Ego, 2019 © ADAGP, Paris, 2021

Avec la complicité du Château royal de Blois.

Dans le cadre de l’exposition Face à Arcimboldo, l’artiste française Annette Messager est invitée à concevoir une installation dans le Forum, imaginée comme un univers fantastique qui abrite le bizarre et l’inconnu.

Commissariat :
Chiara Parisi, directrice du Centre Pompidou-Metz avec Anne Horvath, chargée de recherches et d’exposition au Centre Pompidou-Metz, en dialogue avec l’artiste Maurizio Cattelan, les historiens de l’art Patricia Falguières, Antonio Pinelli et Yasha David

Lieu(x) : Grande Nef

Public : Tout âge

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© Centre Pompidou-Metz / Photo Marc Domage / 2021 / Exposition Face à Arcimboldo