En liminaire à cette édition, Luxembourg Art Week offre au public un parcours qui met en lumière une sélection remarquable de sculptrices et sculpteurs internationaux. Soit l’occasion d’arpenter les rues historiques de la capitale et de découvrir des œuvres récentes, échelonnées sur douze lieux emblématiques.
Par Loïc Millot
Incontournable tête d’affiche de cette déambulation, l’iconoclaste Stefan Strumbel réunit avec Fuchs (2024) et The Owl (2025) une étrange ménagerie aux abords du Rond-Point Robert Schuman, à quelques pas de l’emplacement de la foire. Un renard claudiquant et une chouette philosophe perchée sur un poids en forme de pomme de pin, allusion à la fameuse horloge à coucou que l’on fabrique depuis le 17e siècle en Forêt-Noire, région dont est originaire le plasticien allemand. Deux sculptures animalières dont le bronze, intentionnellement patiné, vire au vert-de-gris. Avec humour, Stefan Strumbel détourne des objets domestiques où s’incarne l’esprit du Heimat, cette notion intraduisible qui mêle quête d’origine et nostalgie d’un foyer.
Plus avant, le boulevard Royal accueille les élégants monolithes d’Éric Schumacher, le lauréat 2019 du Prix Robert Schuman représenté par la galerie Nosbaum Reding (B05). De massifs blocs de béton rehaussés d’une formule de politesse en guise de vernis social (Thank You-Monoliths, 2021), qui mettent en tension des échelles de tons et de temps. Non loin repose au sol Entangled (2021), hommage à la condition terrestre de l’humain et à la statuaire antique que l’on doit à l’incontournable duo formé par Martine Feipel et Jean Bechameil (Zidoun & Bossuyt Gallery - B07). Une œuvre d’Anni Mertens, jeune virtuose de la céramique soutenue par Valerius Gallery (B19), complète cet ensemble avec Wink To Go (2025), assemblage post-dada d’objets trouvés, de couleurs pop et de textures aux plis déconcertants.
Quatre pièces prennent place autour du pont Adolphe, en passant par la Place de Metz jusqu’au Rousegäertchen (Place des Martyrs). Tout d’abord Caddy Type Mk. IX « cactus » — « en route pour la belle étoile » (2025), qui désigne, dès son titre, le fétiche de la consommation dont s’est emparé Serge Ecker à des fins critiques. L’artiste en anéantit la structure initiale, en ouvre la cage d’acier pour déployer en surface une forme constellée. À l’inverse, Julien Hübsch se détourne de la verticalité pour adopter, dans Loops (2025), une construction circulaire obtenue à partir de goulottes de chantier empilées (LAGE EGAL Curatorial Projects - D24). Les modules de Chidy Wayne et Jean-Pierre Formica parachèvent respectivement ce groupe sculptural avec Solid Ego 005, 2025 (Grège Gallery - D15) et Vitae (Mémorées series), 2024 (Galerie Regala), une figure totémique pétrie de survivances méditerranéennes.
Dans le Dräi Eechelen Park est installée Megaflora (2021), ronce géante amputée d’une épine au moyen de laquelle Alice Channer entonne un éloge du vivant et de la vulnérabilité (Konrad Fischer Galerie). Enfin, la place historique du Marché-aux-Poissons accueille cinq piliers minimalistes de Gary Schlingheider (Iconic Pillar, 2025), inspirés notamment des toiles abstraites d’Ellsworth Kelly (galerie burster - B10). Une œuvre rare, à ne pas manquer.